Arrêtons les hypocrisies

Publié par Hamelin de Guettelet le vendredi 15 février 2013

Le Rédac'Chef, Dur métier - © Jac Lelièvre/Éditions Terminus
Sans vouloir revenir, sur une réorganisation générale des statuts (cf. mes messages des 28 juillet 2011 et 15 janvier 2012), il faut quand même que je revienne sur une vieille antienne que les administrateurs répètent inlassablement à l'unisson : les administrateurs aiment bien se présenter comme des contributeurs comme les autres avec juste quelques outils techniques en plus. Ces outils n'auraient comme seule utilité que de réaliser des actions techniques et délicates demandées par la communauté. Faut-il les croire chat en poche ? Évidemment non.

Remarquons tout de suite que leur affirmation est fausse pour deux raisons :
  • les administrateurs, avec ou grâce à l'outil, se sont approprié le pouvoir de basse police. Plus personne d'autre qu'eux décident du blocage des contributeurs. Certains se sont même déclarer ne pas devoir exécuter les demandes de blocage du CAr - comité d'arbitrage - ou d'application des décisions du CAr, sans s'attribuer au passage un droit d'appréciation ;
  • les administrateurs rejettent systématiquement l'idée qu'ils puissent avoir des fonctions éditoriales que les autres contributeurs n'auraient pas. Il est pourtant évident aux yeux d'un contributeur un tant soi peu observateur qu'il en est autrement.
Avant de regarder plus en détail ces fameux outils, il est une évidence que plus personne ne contredit, comme sur tous les autres sites communautaires, leurs outils techniques leur donnent au moins deux pouvoirs communément appelés dans le Web 2.0, pouvoir de modération et pouvoir éditorial, pouvoirs que d'autres contributeurs n'ont pas.

S'il est vrai qu'ils partagent une partie du pouvoir éditorial avec les autres contributeurs, ce n'est qu'une partie seulement de ce pouvoir et l'autre partie, évidement propre aux administrateurs, caractérise bien un pouvoir éditorial que les autres contributeurs ne peuvent exercer. Quant au pouvoir de modération, depuis qu'un certain nombre d'entre eux ont obtenu la disparition des pompiers, il y a bien longtemps qu'ils sont les seuls à posséder, plus qu'un simple pouvoir de modération, un pouvoir complet de basse police ... avec toujours cette volonté d'exclure jusqu'aux moyens de défense des mis-en-cause.

Avant toute chose, empressons nous de préciser que tous les administrateurs n'utilisent pas leurs outils de la même façon, il n'y a pas un corps uniforme des administrateurs permettant de les mettre tous dans un même sac, il existe plusieurs comportements d'administrateurs qui obligent à les mettre dans plusieurs sacs différents.

Alors quels sont les outils spécifiques des administrateurs ?

Je ne vais pas lister ici tous les outils des administrateurs, mais juste ceux qu'ils ne partagent pas avec les contributeurs autopatrolled même s'ils les partagent avec d'autres catégories de contributeurs comme les bubu - bureaucrate - les oversighters - masqueur de modification - les abusefilters - modificateur de filtres - les checkusers - vérificateur d'adresse IP - etc. Cela veux simplement dire qu'ils partagent certains pouvoirs techniques, de modération et d'édition avec d'autres contributeurs sans que cela ne diminue leurs propres pouvoirs.

D'abord les outils de modération à l'origine de leurs pouvoirs de modération ou de basse police :
  • block - bloquer ou débloquer en écriture d'autres utilisateurs ;
  • blockemail - empêcher ou ré-autoriser un utilisateur d'envoyer des courriels ;
  • globalblock-whitelist - désactiver localement des blocages globaux ;
  • unblockself - se débloquer soi-même.
Ensuite les outils d'édition à l'origine de leurs pouvoirs d'édition :
  • rollback - révoquer rapidement les modifications du dernier contributeur d'une page particulière ;
  • move-subpages - renommer des pages avec leurs sous-pages ;
  • movefile - renommer des fichiers ;
  • suppressredirect - ne pas créer de redirection depuis le titre d'origine en renommant une page ;
  • import - importer des pages ;
  • protect - modifier le niveau de protection des pages et modifier les pages protégées ;
  • delete - supprimer des pages ;
  • nuke - supprimer des pages en masse ;
  • undelete - restaurer une page supprimée ;
  • deleterevision - supprimer ou restaurer une version particulière d'une page ;
  • deletedtext - voir le texte supprimé et les différences entre les versions supprimées ;
  • browsearchive - rechercher dans les pages supprimées.
Enfin les outils techniques qui justifient leurs fonctions techniques :
  • transcode-status - afficher l'information sur l'activité de transcodage actuelle ;
  • override-antispoof - court-circuiter les vérifications de tromperie ;
  • centralnotice-admin - gérer les avis centraux ;
  • editusercss - modifier les fichiers CSS d'autres utilisateurs ;
  • edituserjs - modifier les fichiers JavaScript d'autres utilisateurs ;
  • editinterface - modifier les messages système ;
  • transcode-reset - réinitialiser les vidéos en échec ou transcodées pour qu’elles soient de nouveau insérées dans la file des travaux ;
  • deletelogentry - supprimer et restaurer une entrée particulière du journal ;
  • deletedhistory - voir les entrées des historiques supprimées, mais sans leur texte ;
  • reupload-shared - écraser localement un fichier présent sur un dépôt partagé ;
  • unwatchedpages - voir la liste des pages non suivies ;
  • tboverride - remplacer dans la liste noire des titres ou des noms d'utilisateur ;
  • abusefilter-revert - révoquer toutes les modifications effectuées par un filtre anti-erreur donné ;
  • markbotedits - marquer des modifications révoquées comme ayant été faites par un robot ;
  • Exemptés de blocage d’IP - ajouter ou retirer des membres au groupe.
Il reste quelques outils accordant des avantages spécifiques aux administrateurs :
  • proxyunbannable - ne pas être affecté par les blocages automatiques de serveurs mandataires ;
  • ipblock-exempt - ne pas être affecté par les blocages faits contre des adresses IP ;
  • noratelimit - ne pas être affecté par les limites de taux ;
  • apihighlimits - augmenter le nombre de résultats dans les requêtes API de 500 à 5000.
Au total 35 outils spécifiques parmi lesquels 12 concernent des outils d'édition soit 1/3, rien que cela ! Pour des contributeurs qui n'ont soi-disant pas de responsabilité d'édition !

Il est une fonction d'édition qui provoque souvent des contestations, c'est l'outil undelete qui permet de restaurer une page supprimée. Il est reproché aux administrateurs de faire seul, sans aucun contrôle, à tort ou à raison, trop souvent preuve de partialité dans une action typiquement éditoriale. Les contributeurs n'ayant aucune vision, aucune connaissance du contenu de ces articles, toutes les suppositions sont alors possibles. Pourquoi pour résoudre ce problème, les contributeurs autopatrolled ou confirmed (voir ci-dessous) ne disposeraient-ils pas des outils deletedtext, permettant de voir le texte supprimé et les différences entre les versions supprimées et browsearchive qui permet de faire des recherches dans les pages supprimées ? Évidement non, rien ne justifie de réserver ces outils aux seuls administrateurs. Comme d'ailleurs ces autres outils d'édition que les contributeurs autopatrolled ou confirmed pourraient disposer sans risque de désorganisation de l'encyclopédie :
  • rollback - Révoquer rapidement les modifications du dernier contributeur d'une page particulière ;
  • move-subpages - Renommer des pages avec leurs sous-pages ;
  • movefile - Renommer des fichiers ;
  • suppressredirect - Ne pas créer de redirection depuis le titre d'origine en renommant une page ;
  • import - Importer des pages.
En fait, au moins 7 outils parmi les 12 outils d'édition (soit plus de 58 %), actuellement réservés aux administrateurs, n'ont aucune raison particulière de ne pas être partagés avec des contributeurs autopatrolled ou confirmed. Resterait aux administrateurs, parmi tous les outils d'édition, principalement les outils ayant trait à la suppression/restauration et au blocage/déblocage des pages. Ainsi les contributeurs autopatrolled ou confirmed ayant une possibilité de contrôle sur la suppression/restauration des pages, comme ils l'ont déjà sur les blocages/déblocages des pages, il n'y aurait normalement plus de contestation, au moins sur ce sujet.

Pour terminer, une observation sur le pouvoir de modération, en fait le pouvoir de basse police, que les administrateurs détiennent du fait des outils block, permettant de bloquer ou débloquer en écriture les autres utilisateurs, et blockemail, qui empêche ou ré-autorise un utilisateur d'envoyer des courriels, sont largement suffisants pour satisfaire à la nécessité d'éviter la désorganisation de l'encyclopédie ou le vandalisme des articles.

Pourquoi faudrait-il en plus tenter, une nouvelle fois, comme le tentent actuellement certains administrateurs sur le BA - bureau des administrateurs - de limiter les moyens de défense des contributeurs mis en cause dans les RA - requêtes aux administrateurs - l'enfer de Wikipédia (cf.mon message du 19 novembre 2010). Je ne parle pas ici des vandales ou des nouveaux contributeurs qui viennent sur l'encyclopédie pour tout autre chose que de contribuer positivement. Je veux parler de ces contributeurs autopatrolled, qui souvent, pour des raison de règlement de compte, s'y retrouvent accusés des pires crimes de Wikipédia, par d'autres contributeurs pas toujours plus innocents. Pourquoi faudrait-il limiter leurs possibilités d'explication, de défense, de contestation des faits, d'apport de diffs - intervention visible au travers des différences entre modifications ? Qu'ils n'aient la possibilité que d'un seul droit de réponse alors que tous les autres intervenants auraient droit eux aussi à un seul message ? Sous une apparence d'égalité, un droit de réponse/un message cela équivaut quand même à un contre tous. Et si l'on n'autorisait aussi qu'un seul message par administrateur ?

Mais cette réglementation n'est pas de la seule autorité des administrateurs, c'est de la responsabilité de la communauté, et si les administrateurs veulent se doter d'un règlement, ils n'ont qu'une seule possibilité, passer par une PDD - prise de décision - cela nous promettrait encore quelques bons temps de rigolade ou de tristesse à l'image des modifications du règlement du CAr.

Voilà deux idées simples qui nous éviterons bien des hypocrisies, en redistribuant quelques outils d'édition et en lançant une PDD - prise de décision - pour la rédaction d'un règlement des actions des administrateurs maintenant que nous connaissons tous le rôle exact des administrateurs qui sont évidement autre chose que de simples contributeurs avec de simples outils techniques. En plus des outils effectivement techniques ne leur permettant de réaliser que des actions techniques, les administrateurs disposeront toujours d'outils leur donnant d'autres pouvoirs que techniques, quelques pouvoirs d'édition et des pouvoirs de modération ou de basse police, alors qu'ils évitent de nous faire croire le contraire.

Je vais lever une dernière objection, on devient un contributeur autopatrolled automatiquement après 90 jours de présence sur Wikipédia et 500 contributions réalisées, donc rien ne garantit que ces contributeurs ne cachent pas en leur sein quelques subtiles vandales qui profitant de ces outils supplémentaires pourraient gravement désorganiser Wikipédia. Ce n'est pas la première fois que je réclamerais l'application à la Wikipédia francophone de ce qui existe déjà ailleurs, le statut de contributeur confirmed. Cette fonction ne serait pas automatique, elle ferait appel à des contributeurs réguliers (au moins une centaine de contributions/mois) bien connus des autres contributeurs qui les coopteraient en fonction de critères précis.

Ainsi irait mieux Wikipédia.

1 commentaire:

  1. Tu as oublié toutes les pages protégées, des milliers, où seuls les admins peuvent faire des modifs. il faut alors passer par une demande d'intervention auprès des admins qui font suivant leur bon vouloir !

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