L'art de la navigation

Publié par Hamelin de Guettelet le samedi 10 mars 2012

S'il est une superbe invention des pages de texte informatisée c'est la notion d'hypertexte. Toutes les pages d'hypertexte comportent des nœuds, des éléments minimaux d'information - un mot - reliés entre eux par des hyperliens. Ces liens peuvent relier deux nœuds, deux mots, d'une même page ou deux nœuds de deux pages différentes. Ces mots-nœuds, généralement soulignés et/ou écrits en bleu, permettre de « naviguer » de page en page. Cette navigation permet de parcourir de page en page l'ensemble d'un corpus, un site comme Wikipédia, comme théoriquement l'ensemble des informations, des pages, des sites composant Internet.

Sur Wikipédia chaque mot signifiant, écrit en bleu, permet de naviguer de page en page sur tous les articles de l'encyclopédie. Si le nœud correspondant au mot dit source n'est pas relié car le mot dit cible n'existe pas ailleurs, le mot-source est écrit en rouge. Il est donc facile de comprendre que l'on peut naviguer ainsi d'un mot à sa définition, d'une notion à son développement. Par contre ce système n'est pas très adapté pour naviguer d'une page à une autre page complémentaire.

Alors comment compléter la navigation hypertexte ?

Pour compléter la navigation hypertexte, chaque page, chaque article comporte en fin de texte une liste de liens internes qui permettent ainsi de naviguer de page en page. On peut comprendre qu'il n'est pas possible à un moment donné de pouvoir lister toutes les pages complémentaires existantes ou inexistantes, il faudrait parcourir les pages de l'encyclopédie une à une pour connaitre toutes celles existantes, et encore on passerait évidemment à coté des pages encore inexistantes. Ce travail d'exploration de pages est réalisé par des robots pour dresser la liste exhaustive, au fur et à mesure de leur création, de toutes les pages similaires de toutes les Wikipédias quelque soient leur langue, c'est la liste dite interwiki.

© Jean-Marie Campagnac
Pour combler cette lacune de mise à jour des liens internes entre pages qu'a été créé les catégories. Cette classification par catégorie se fait automatiquement. Il suffit d'ancrer, de marquer une page comme faisant partie d'une catégorie pour qu'elle vienne se lister automatiquement dans cette catégorie. Chaque page comporte aussi en pieds de page un bandeau regroupant toutes les catégories dans lesquelles la pages est ancrée, indexée. Il suffit donc de cliquer sur le nœud catégorielle pour trouver la liste-cible de toute les pages composant cette catégorie.

Nous avons là un système de liens hypertextes permettant toutes les combinaisons de recherche utile. Il faut pourtant croire que cela n'était pas suffisant car les wikipédiens, qui n'aiment pas la simplicité, ont complexifié la navigation en rajoutant des liens vers les portails et en sur-ajoutant des listes de liens dans des palettes (sorte de tableaux enroulables) de tous genres et des boîboîtes de synthèse (tableau encombrant en tête de l'article).

On peut éventuellement comprendre la présence de liens vers les projets. Ceux-ci regroupent un corpus d'articles clairement délimités à un sujet précis. C'est une autre façon de regrouper des pages d'articles non pas par catégorie de sujets précis mais par grand thèmes généraux. Cela est intéressant dans la mesure où le projet regroupe suffisamment d'articles, qu'il est donc normalement développé mais aussi qu'a contrario que les contributeurs du portail n'ont pas voulu s'approprier des articles trop éloignés du sujet pour faire nombre, une fois de plus la quantité n'est pas la qualité.

Par contre, il est parfaitement inutile d'encombrer le pieds de page des articles par des palettes souvent trop nombreuses et superfétatoires. En fait ces palettes sont des espèces de croisements impropres de classement par catégories et par thèmes allant du trop précis au trop général. Comme ces croisements sont sans limite, l'entassement de palettes devient vite contre-productif. Un palette seule se présente déroulée et son contenu visible est directement accessible, plusieurs palettes se présentent enroulées cachant ainsi leur contenu, annihilant tout avantage.

Je garde le pire pour la fin, les horribles boîboîtes. Ce sont des tableaux qui comporte de nouveau le titre de l'article, une photo hypothétiquement représentative et une liste d'informations toujours présentes dans le résumé introductif qui lui fait face. Exemple parfait de doublonnage totalement inutile. Si ce n'était que leur seul défaut, non il faut que ces boîboîtes génèrent un code illisible et donc incompréhensible pour la majeure partie des contributeurs, alors que penser de tous ces nouveaux contributeurs qui ouvrent pour la première fois une page de modification de l'article. Ils ont sous les yeux des lignes de texte qui n'ont rien à voir avec le texte de l'article qu'ils veulent modifier. Faudrait-il encore que tout ce texte-code soit caché dans une sous-page pour rendre accessible la modification des articles et mette les boîboîtes à l'abri d'une modification involontaire du code qui va rendre illisible l'article.

Il existe quelques articles ridiculement caractéristiques de ces débordements de navigations complexes avec même des palettes déroulantes à l'intérieur d'autres palettes déroulantes comme de sympathiques poupées russes : tous ceux des hommes politique de la Troisième République, comme Aristide Briand où il manque, puisqu'on y est, une palette pour la succession des prix Nobel de la paix comme il existe une palette de succession au fauteuil 34 de l'Académie française. Pas de palette pour la succession des présidents de la République pour Raymond Poincaré mais deux palettes particulièrement intéressantes (sic), la composition de l’Académie française lors de sa nomination et lors de son décès. Le ridicule est à son comble.

Évidemment l'idéal serait purement et simplement la suppression de ces excroissances qui n'ont jamais trouvé leur place dans la moindre encyclopédie de renom. L'hypertexte ne peut pas tout justifier. Mais comme tous les contributeurs n'ont pas les compétences nécessaires pour rédiger du contenu encyclopédique ou suffisamment d'abnégation pour corriger les fautes d'orthographe ou de typographie, il faut bien que des contributeurs peu utiles s'amusent à créer du code inutile pour avoir la sensation d'être utiles à l'encyclopédie. Mais pourquoi faut-ils qu'ils imposent aux contributeurs et aux lecteurs leurs jeux inutiles ? Et en fin de compte, tant pis si cela encombre les pages et rend la navigation plus compliquée, moins naturelle, non instinctive, telle est leur bonne volonté.

Ainsi irait mieux Wikipédia